Les Oubliées de l’Histoire : réparer l’oubli, comprendre l’effet Matilda
Vision panoramique des femmes reléguées au second plan : Les Oubliées de l’Histoire raconte comment réparer l’oubli — un livre-ressource parfait pour comprendre l’effet Matilda.
Paru en 2021, Les Oubliées de l’Histoire – Dans l’ombre des grands hommes rassemble des portraits de femmes dont l’action a été déterminante mais reléguée derrière un mari, un amant, un collègue ou un maître. L’ouvrage, signé Patricia Chaira et Dorothée Lépine (éd. Hors Collection), part d’un constat simple : dans les sciences, les arts ou la politique, l’intelligence n’a pas de sexe, mais la répartition du crédit a souvent été biaisée. Cette logique d’effacement — renommée en 1993 “effet Matilda” par l’historienne Margaret W. Rossiter — explique pourquoi certaines figures n’entrent pas dans les manuels, ou n’y entrent qu’en notes de bas de page.
Extraits du livre
« Derrière chaque grand homme, il y a une femme… »
Le livre propose une écriture accessible, illustrée, qui redonne chair à des trajectoires longtemps racontées à travers un “héros” masculin. On y croise, par exemple, Émilie du Châtelet derrière la légende de Voltaire, Lee Krasner face au mythe Pollock, ou Mileva Marić dans l’ombre d’Einstein. Présenter ces vies en regard de l’homme célèbre n’a rien d’anecdotique : c’est précisément ainsi que l’oubli s’est construit — par l’habitude de nommer un seul auteur là où les œuvres et les découvertes sont issues d’écosystèmes complexes.
La force de l’ouvrage est de tenir un double cap : raconter et réattribuer. Raconter, en replaçant ces femmes dans leurs réseaux, leurs lieux, leurs contraintes très concrètes (accès aux études, à l’atelier, au labo, au financement). Réattribuer, en montrant comment se fabrique le crédit scientifique ou artistique : cahiers, publications, co-signatures, correspondances, traces matérielles qui permettent de nommer justement qui a fait quoi. Ce sont exactement les antidotes pratiques à l’effet Matilda : documenter, sourcer, visibiliser.
Extraits du livre
« L’intelligence n’a pas de sexe, ni l’ambition. »
La parution d’un second volume en 2023, Les Oubliées de l’Histoire – Dans l’ombre du pouvoir, élargit encore la cartographie. On y trouve des profils politiques, économiques, médiatiques et scientifiques — de Barbe Nicole Ponsardin à Irène Joliot-Curie en passant par Hedy Lamarr, Peggy Guggenheim, Paulette Nardal… et Ada Lovelace, la pionnière de l’algorithmique au cœur de ton site. Cette présence d’Ada est un bon pivot : elle montre que l’invisibilisation ne touche pas qu’une époque ou un domaine mais suit des motifs récurrents (biais institutionnels, réduction au rôle d’épouse/muse, dissociation entre idée et preuve).
Pour un site consacré à l’effet Matilda, ce diptyque fonctionne comme bibliothèque d’entrée. Il offre des cas lisibles, des repères historiques et un langage commun pour décrire l’injustice spécifique qui consiste non pas à nier la valeur d’une œuvre, mais à déplacer le nom qui lui est associé. Intégré à une rubrique de ressources, le livre dialogue naturellement avec tes articles : la page sur Ada Lovelace éclaire la part conceptuelle du “programme” et la question de la programmabilité générale ; la page cinéma sur Radioactive montre, à travers Marie Curie, comment les institutions (académies, jurys, médias) peuvent d’abord écarter, puis tardivement corriger le crédit accordé.
Extraits du livre
« Des femmes exceptionnelles ont influencé la société. »
L’autre intérêt de Les Oubliées de l’Histoire tient à la mise en intrigue : la narration ne cherche pas à “remplacer” un panthéon par un autre, mais à réparer des filiations. En rendant visibles les réseaux et les transmissions, le livre redonne aux étudiantes et étudiants des modèles auxquels se projeter, et aux lectrices/lecteurs des preuves qu’il est possible de travailler autrement : écrire à plusieurs, publier sous son nom, tenir un carnet de labo, archiver les étapes d’un processus créatif, penser ses droits d’autrice.
Au fond, c’est un outil de pédagogie du crédit. Il se lit vite, se cite facilement, et fait gagner du temps lorsque l’on construit des capsules pédagogiques, des fiches de lecture ou des expositions (physiques ou web) sur des “Matilda” de différentes époques. Pour un projet éditorial comme le tien, il sert de socle : des entrées courtes, claires, mobilisables en cartes ou encadrés dans tes pages, avec des renvois vers des biographies longues, des archives et des analyses plus fouillées.
Extraits du livre
Les Oubliées de l’Histoire – Dans l’ombre des grands hommes redonne chair à des trajectoires féminines reléguées en marge du récit dominant. Chapitre après chapitre, le livre replace ces vies dans leurs réseaux réels — ateliers, laboratoires, salons, revues, financements — pour montrer comment se construit le crédit d’une œuvre ou d’une découverte. L’intérêt n’est pas de dresser un contre-panthéon, mais de réparer des filiations : écrire qui fait quoi, quand, avec quelles preuves, afin que le nom de l’autrice circule avec le résultat.